Disparition de Pierre Levrat

C’est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons à l’instant la mort de Pierre Levrat le 17 aout 2021 à 87 ans. Ancien président de l’AUNLyon au centre sur la photo ci dessus en compagnie de Jean-Christophe Rolland et André Dumont.

Le Comité Directeur salue la mémoire d’un grand serviteur de l’Aviron et adresse ses condoléances à sa famille et à ses proches. Ses funérailles auront lieu mardi à 15h à Marcy l’Etoile.

Le 22 décembre 2019, Pierre avait reçu la médaille d’honneur de la FFA des mains de Jean-Christophe Rolland et Stéphane Guérinot, tous deux formés à l’AUNLyon quand Pierre en était le président. A cette occasion, Charles Imbert notre vice-président avait écrit un article pour expliquer le poids considérable de Pierre dans le développement de l’aviron à Lyon et dans la région.

Pierre Levrat : le panache et la réussite, un président emblématique

La nouvelle de l’attribution de la « médaille d’honneur de la FFA » à Pierre Levrat, n’est pas étonnante pour quelqu’un, qui, en plaçant « son » club au centre de ses priorités a œuvré avec tant de brio et de passion pour l’intérêt général de l ‘aviron.

L’Union est 76e club français en 1975 lorsque le fringant Pierre prend en mains les destinées du club, « sur pression de son entourage » avoue-t-il.

Le nouveau président a de l’ambition, un projet, de l’énergie et l’entregent qui lui facilite les relations avec les élus.

Si Pierre a été lui même champion de France, son action n’est pas tournée vers un passé nostalgique. Il mesure avec beaucoup de lucidité le chemin qui reste à faire pour conduire le club là où il le souhaite.

Les objectifs ambitieux ; il les exprime haut et fort et sans complexe : « Je veux qu’un jour l’Union soit championne de France en Huit ».

Pour ce faire, il se préoccupe en priorité de constituer un encadrement de qualité. Il débauche « Monsieur Dorel » du Cercle, éducateur hors pair, unanimement reconnu et apprécié. Il contacte quelques anciens, mobilise des jeunes et met sur pied rapidement, une véritable équipe d’entraîneurs. Il saura avec beaucoup de diplomatie et de patience « arrondir les angles », gérer les crises aussi bien que les états d’âme des uns et des autres. Il sera le véritable manager de personnalités aussi différentes qu’Olivier Gouraud qui a rejoint l’encadrement, Robert Dorel , Max Joly ou encore Maurice Cotton…

J’ai rencontré Pierre, dès mon arrivée à Lyon comme cadre technique en octobre 1981. Lors de ma première visite, il m’expliqua tout de go et sans rire, que le seul club de la capitale des Gaules qui était digne d’intérêt était le sien … Les autres ne pensant qu’à lui faire des « misères ».

A cette époque « l’Union » recelait déjà quelques pépites qui avaient retenu l’attention de l’entraîneur national junior. Certains esprits chagrins lui recommandaient de décliner cette convocation pour un stage. La « fédé » allait lui « piquer » les rameurs ! Pierre ne demande qu’à être convaincu et les athlètes concernés iront en stage.

Convaincant et diplomate, il devra l’être souvent pour faire passer ses idées auprès d’un entourage plus frileux, voire pessimiste, notamment lorsqu’il propose d’ouvrir une section féminine.

Quelques années plus tard lorsqu’il est question d’implanter un CPEF (Centre de haut niveau qui deviendra le Pôle) sur Lyon, les clubs que je contacte sont peu enthousiastes. Lorsque je visite l’Union, Pierre me dit : « mais viens chez moi » ou plutôt « il faut absolument que ce Centre soit à l’Union. Tu auras les moyens » !

Pierre qui avait déjà habilement tissé un réseau de relations avec quelques élus lyonnais influents avait déjà bien conscience de tout l’intérêt qu’il pouvait tirer de la venue du pôle et que les ambitions de l’Equipe de France et celles de son club étaient liées.

Effectivement, les promesses sont tenues et l’argent va arriver en abondance à l’AUNL, désormais club support du pôle. La ville de Lyon essentiellement, la région, la fédération mettent la main à la poche et injectent des sommes qui font encore rêver de nos jours, au grand dam des « voisins » qui ne décolèrent pas.

Les relations sont vraiment au « beau fixe » entre les trois clubs de Saône et certains échanges verbaux ou épistolaires entre les présidents, tous personnalités marquantes de notre sport, sont mémorables dans l’histoire de l’aviron lyonnais ….

A ce sujet, je partage complètement l’avis d’Olivier Pons, qui me dira un jour : « je reste persuadé que toutes ces « chamailleries » maintenant bien anecdotiques, ont « tiré » l’aviron lyonnais vers le haut ».

Intérêt financier, mais aussi intérêt sportif. Pierre sait que la présence d’athlètes de qualité constituera une forte émulation qui ne pourra qu’être profitable à « son » club! Qui ne l’a pas entendu dire : qu’est ce qu’on peut faire pour encore s’améliorer, mais aussi pour étonner, faire quelque chose qu’on ne voit pas ailleurs ?

Rapidement, une génération exceptionnelle de nouveaux rameurs conduite par Robert Dorel et Olivier Gouraud émerge. Les Rolland, Guérinot, les frères Pinon, Ughetto, puis Pornin, Solforosi, Bussière et beaucoup d’autres, seront les prestigieux chefs de file de l’Union et resteront : « ceux de la génération Levrat ».

De la 73e place de 1975, l’Union est passé à la 35e en 1978, puis 24e en 1980, puis 3e en 1988, 2e en 1990 et 91 et enfin 1er en 1996 … Le rêve du huit se réalisera à quatre reprises. Un premier titre remporté en 1994, suivi du « triplé historique » : 1996, 1997 et 1998. Qui l’aurait parié il y a vingt ans ?

Lorsque nous quittons l’Union en 1993, pour Miribel, nous laissons un club agrandi et totalement rénové et lorsque je croisais Pierre, je le taquinais en lui disant : « Alors comment va l’héritage ? »

Avec un recul de trois décennies, je suis heureux que ces traces de notre passage, cet « l’héritage » du pôle soit resté à l’AUNL. C’est de l’argent qui a servi l’Aviron et a été placé en bonnes mains. Les résultats éloquents que nous connaissons l’attestent.

Pierre sera également Président de la Lique du Lyonnais, puis le premier président du Comité Départemental du Rhône: « il y a des sous à aller chercher au département » expliquait-il !
A mettre encore à son actif la création d’un Match LYON-OXFORD-CAMBRIDGE, la « course au Louis d’Or… ».

Dans un article ancien, qui lui est consacré, il est indiqué que « le Président n’avait jamais mené personne en bateau ». Hum !!! pas si sûr … mais Pierre, irritant, pour certains, terriblement attachant pour d’autres, est reconnu par tous comme un grand Président qui a si bien su servir la cause de l’aviron.

Charles Imbert

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